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Eau en bouteilles : pourquoi faut-il l’arrêter et comment s'en passer ?

Blandine Janin-Reynaud
Blandine Janin-Reynaud
Publié le
Les gestes verts

Acheter un produit polluant et potentiellement nocif pour la santé alors qu’on peut obtenir sa version quasi gratuite sans le moindre effort ? Il faudrait être fou ! C’est pourtant le choix de presque 1 Français sur 2. Et oui, 48 % d’entre eux continuent à consommer de l’eau en bouteille chaque jour1. 15 % des Français refusent même catégoriquement de consommer l'eau du robinet en raison de son goût. Les habitudes ont la vie dure ! 
Pourtant, en Europe, qu’elle soit de source ou minérale, l’eau en bouteille est une aberration écologique, économique mais aussi sanitaire. Chaque nouvelle étude remet toujours plus en cause sa pureté, tant vantée par les publicités. Petite piqûre de rappel sur toutes les bonnes raisons d’éviter l’eau en bouteille et nos conseils pour, enfin, arriver à s’en passer !

©brian-yurasits-unsplash

L’eau en bouteille est une source majeure de pollution plastique

Selon une étude espagnole publiée en 2021, l’impact environnemental de l’eau embouteillée est jusqu’à 3 500 fois supérieur à celui de l’eau du robinet. En l’espèce, on ne parle pas d’un détail puisque  89 milliards de litres d’eau sont embouteillés chaque année dans le monde. Or, la fabrication d’une bouteille en plastique requiert 33 cl de pétrole. Une vraie manne pour la pétrochimie, l’industrie la plus polluante du monde et responsable d’une grande partie du réchauffement climatique !

S’il suffisait d’utiliser du plastique recyclé alors ? Plus facile à dire qu’à faire. D’une part, en Europe, près de 42 % des bouteilles ne sont pas recyclées. Elles finissent le plus souvent dans les décharges, les rivières et les océans où elles se transforment graduellement en soupe de plastique. Nous retrouverons ces particules dans les poissons que nous consommons mais aussi dans les nuages, sur les sommets de l’Himalaya et les abysses les plus profonds.
D’autre part, pour de multiples raisons techniques et économiques, le recyclage à l’infini des bouteilles n’est pour le moment qu’une belle théorie et moins d’une sur 10 se réincarnera de nouveau en bouteille.
 

L’eau en bouteille aggrave les sécheresses

Pour produire des bouteilles d’eau en plastique, il faut de l’eau. Elémentaire ! Mais paradoxalement la fabrication d’une bouteille d’un demi-litre nécessite… 3 litres d’eau ! Alors même que - conséquence du réchauffement climatique- de plus en plus de communes et d’agriculteurs font face à une pénurie d’eau en été. Pourtant, les industriels comme Nestlé Waters ou Danone accaparent, avec l’aval des pouvoirs publics qui leur accordent des droits d’exploitation, les ressources locales en eau. Cela assèche les nappes phréatiques et perturbe le cycle naturel de l’eau car cette dernière est expédiée parfois très loin de son milieu d'origine : en France, en Europe mais aussi au bout du monde, en Chine notamment. 
En 2021, la France a produit 11,3 milliards de litres d’eau, dont 1,835 milliard a été exporté engendrant au passage une autre pollution due aux transports cette fois-ci. En moyenne, on estime qu’une eau en bouteille parcourt 300 kilomètres !

©jonathan-unsplash

L’eau en bouteille : un danger potentiel pour la santé

On sait depuis longtemps que l’eau en bouteille contient des micro plastiques issus justement du plastique qui l’entoure. Une nouvelle étude parue dans la revue PNAS le 8 janvier 2024 révèle que le phénomène est d’une ampleur très inquiétante. L’eau des bouteilles en plastique contient ainsi jusqu'à 100 fois plus de microparticules mais surtout de nanoparticules plastiques que ce qu’on pensait. Grâce à une nouvelle technique, les scientifiques ont détecté en moyenne 240 000 fragments de plastique par litre d'eau, et ce sur plusieurs marques populaires. Le type le plus communément retrouvé était le nylon qui provient des filtres utilisés pour purifier l'eau, et du polytéréphtalate d'éthylène (PET), matière dans laquelle les bouteilles sont fabriquées.

Or les nanoplastiques font moins d'un micromètre. Leur minuscule taille leur permet d’infiltrer notre système sanguin et nos organes. Leurs conséquences sur la santé humaine sont encore mal connues mais certaines études ont déjà mis en évidence des effets néfastes en particulier sur le système reproductif.

 

L’eau du robinet est-elle meilleure pour la santé que l’eau en bouteille ?

Soigneusement entretenue par le marketing, une légende raconte que l’eau en bouteille serait meilleure pour la santé que celle du robinet et qu’elle apporterait longue vie à celui qui la boit. Cela n’est évidemment qu’un mythe ! Certes, les eaux en bouteille proviennent essentiellement des nappes souterraines et des sources. Pour autant, c’est également le cas de l’eau du robinet, même si une grande partie de cette dernière (40 %) est aussi prélevée dans les lacs et les rivières en France.

©tanvi-sharma unsplash

L’eau du robinet est bien entendu désinfectée au chlore (inoffensif pour la santé à la dose utilisée) et soumise à des normes sanitaires très strictes. Elle est partout et la plupart du temps potable, excepté lors de certains accidents bactériologiques exceptionnels ou d’épisodes de pollution, après de fortes pluies, le plus souvent éphémères. Pour vous rassurer, vous pouvez consulter très facilement la qualité de l’eau de votre commune.
Rappelons par ailleurs qu’il n’est pas conseillé pour la santé de boire la même eau minérale tous les jours car certains minéraux ne sont pas bons pour la santé dans la durée.

Comment se passer d’eau en bouteille ?


Remplacer les bouteilles en plastique à l’extérieur

Adoptez bien entendu le réflexe d’emporter votre gourde - pas en plastique bien sûr - partout avec vous : il en existe dans tous les formats, thermos ou non. Pour trouver votre bonheur, consultez dès à présent notre comparatif de gourdes !

Avoir une gourde, c’est bien, mais encore faut-il pouvoir la remplir ! Au travail, remplissez-la au robinet dans les sanitaires ou à une fontaine. Ailleurs, depuis 2022, les établissements recevant du public accueillant plus de 300 personnes ont l’obligation d’installer une fontaine à eau potable. Même si cette règle peine encore à s’appliquer, les gares, les aéroports ou encore les musées doivent permettre aux voyageurs et visiteurs de remplir leur gourde. N’hésitez pas à le leur rappeler. Sachez qu’il existe aussi des applications cartographiant toutes les fontaines d’eau potable, par exemple Water Map. Certains commerçants acceptent aussi de donner un accès gratuit à l’eau et sont référencés dans ces applications ou l’affichent fièrement en vitrine, comme à Paris avec l’autocollant "Ici je choisis l’eau de Paris”.
 

Remplacer l’eau en bouteille à la maison

Si vous ne consommez pas votre eau du robinet à cause de son goût, c’est peut-être tout simplement une question d’habitude, tout comme certaines eaux minérales semblent infectes à ceux qui n’en consomment jamais ! Il y a fort à parier qu’en vous y remettant progressivement, le goût vous paraîtra neutre au bout de quelques jours. Agrémentez-la au début avec un peu de jus de citron, par exemple, ou quelques feuilles de menthe ou de verveine.

Si vous restez gêné par le goût du chlore, vous pouvez tout simplement laisser reposer l’eau quelques heures dans une carafe ouverte pour que l’odeur disparaisse. Vous pouvez aussi utiliser des astuces naturelles pour filtrer votre eau, comme des perles de céramiques, du charbon binchotan ou des graines de Moringa.

Évitez les carafes filtrantes à l’efficacité controversée et dont la mauvaise utilisation pourrait au contraire entraîner des risques biologiques. Si vous vivez dans une région d’agriculture intensive et que vous êtes régulièrement confronté à des taux de nitrates supérieurs aux normes, la meilleure option semble l’achat d’une fontaine à eau de type Berkey, certes coûteuse mais durable et de qualité.

Enfin, peut-être êtes-vous accro à l’eau pétillante ? Dans ce cas, essayez de réduire votre consommation. Et si les symptômes persistent, offrez-vous une fontaine d’eau gazeuse !

N’oubliez pas que les bouteilles en plastique servent aussi aux sodas ou au lait. Préférez les emballages en verre (idéalement consignés) ou les Tetra Pack, moins polluants et plus sûrs.

©julia-zolotova-unsplash

Pour réduire toujours plus vos déchets, retrouvez tous nos conseils sur notre site www.lekaba.fr !

1 ,Baromètre réalisé par Kantar pour le Centre d'information sur l'eau (CIEAU) en 2021.

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