L’intelligence artificielle peut nous faire gagner un temps fou, c'est vrai. Mais derrière ces outils magiques se cache un impact écologique bien réel : consommation d’électricité, captation d’eau douce, émissions de CO2... Voici quelques réflexes essentiels pour l’utiliser de façon plus responsable et plus sobre.
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Quel est l’impact environnemental de l’intelligence artificielle ?
L’IA, surtout lorsqu’elle repose sur de grands modèles comme ChatGPT ou DALL·E, est extrêmement gourmande en ressources. Une simple question posée à un chatbot mobilise des serveurs puissants dans des data centers répartis dans le monde entier.
Quelques chiffres qui font réfléchir :
- Entraîner GPT-3 a nécessité environ 284 tonnes de CO2, soit autant que 125 allers-retours Paris–New York.1
- Les interactions avec des IA comme ChatGPT consommeraient jusqu’à 10 fois plus d'électricité qu'une recherche Google classique(voire 30 fois, selon les sources et les versions de ChatGPT).2
- GPT-3 consomme un demi-litre d'eau pour générer 10 à 50 réponses. En extrapolant ces chiffres, les chercheurs estiment que l'intelligence artificielle devrait représenter entre 4,2 et 6,6 milliards de mètres cubes d'eau en 2027, soit la moitié de la consommation du Royaume-Uni3.
Bien sûr, l’impact varie selon la localisation des serveurs, leur alimentation en énergie renouvelable, et leur efficacité en matière de refroidissement. Mais le constat est là : l'intelligence artificielle mobilise des ressources de façon colossale.
Quand faut-il utiliser l'IA et quand s'en passer ?
L’IA est un outil formidable… quand elle est bien utilisée. Mais dans bien des cas, son recours est exagéré — voire contre-productif. Pour des usages simples (rechercher une recette, une définition, une adresse), mieux vaut passer par un moteur de recherche classique, voire un moteur plus responsable : voir notre comparatif des moteurs de recherche écolos.
On évite d'utiliser l'IA pour…
- Poser une question simple (ex. "Quelle est la capitale de l’Italie ?")
- Demander des infos déjà accessibles via un moteur classique
- S'amuser et faire 10 échanges en demandant à ChatGPT ses meilleures blagues
- Multiplier les prompts sans réel besoin
Le recours à l'IA peut avoir du sens pour…
- Synthétiser un rapport complexe
- Générer des idées pour un atelier
- Réécrire un texte ou faire une traduction fine
- Créer un résumé à partir de plusieurs documents
👉 Conseil : avant de lancer une requête, demandez-vous “Est-ce que j’ai vraiment besoin de l’IA pour ça ?” Et rappelez-vous : chaque interaction inutile, c’est de l’énergie et de l’eau gaspillées.
💡 À lire aussi : 7 gestes pour réduire la pollution numérique
©EVG Kowalievska / Pexels
Les bons réflexes pour limiter son impact quand on utilise l’IA
1. Rédigez un prompt clair et complet
Mieux vaut poser une bonne question que 15 petites. Car chaque question déclenche une nouvelle activation des serveurs et donc mobilise plus d’énergie.
✅ Bon exemple :
Peux-tu m’expliquer simplement l’impact environnemental de l’IA, avec quelques chiffres, et me proposer des conseils pour limiter cet impact au quotidien ?
❌ Mauvais exemple :
C’est quoi l’IA ?
Et ça pollue ?
T’as des chiffres ?
Je fais quoi du coup ?
2. Regroupez les recherches
Faites comme pour vos mails ou votre ménage numérique : regroupez vos demandes d’un coup, plutôt que de revenir toutes les 10 minutes. Cela vous permettra de grouper des questions.
Pour aller plus loin sur la réduction de la pollution numérique, faites un grand ménage dans vos usages et outils numériques avec le Digital Clean-Up Day
3. Ne dites pas "merci" à votre IA (même si c’est poli)
Chaque mot déclenche un calcul : un petit “merci” × 1 million d’utilisateurs, ça fait une montagne d’énergie.
4. Évitez d’utiliser l’IA pour générer des contenus inutiles
Demander à l’IA de créer une image de chat cosmonaute pour rigoler, c’est fun… mais énergivore. Réservez ces usages pour de vrais besoins (travail créatif, prototypage, accessibilité…).
L'IA et ses risques invisibles
L’impact environnemental n’est pas le seul enjeu de l’IA. Son usage pose aussi des questions éthiques, sociales et démocratiques.
- Fiabilité des réponses : Les IA génératives peuvent produire des informations fausses, formulées avec assurance. Il est donc nécessaire de vérifier les informations et les sources.
- Images truquées : Deepfakes et photos générées par IA deviennent indiscernables du réel. Résultat : plus de désinformation et une perte de confiance dans l’image. Prenez toujours avec des pincettes des visuels susceptibles d'être truqués.
- Biais cachés : Les IA reproduisent (et amplifient parfois) les biais présents dans leurs données d’entraînement.
Utiliser l’IA, c’est donc aussi garder un esprit critique car l'outil est puissant… mais pas infaillible.
Vers une sobriété numérique… même avec l’IA
Utiliser l’intelligence artificielle ne doit pas devenir un réflexe automatique. En gardant à l’esprit son impact écologique, on peut en faire un usage raisonné et utile.
Quelques idées :
- Réservez les IA à des tâches à forte valeur ajoutée.
- Favorisez les outils open source, locaux, ou moins gourmands.
- Exigez plus de transparence sur l’impact des outils que vous utilisez.
- Continuez à appliquer les bons gestes numériques : 15 gestes qui font la différence
1. Université du Massachusetts, étude de 2019 sur le coût énergétique de l’entraînement de modèles de langage
2. Agence internationale de l'énergie (AIE)
3. Etude 2023 de l'Université de Californie à Riverside et de l'université du Texas à Arlington
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