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Le chocolat éco-responsable, ça existe ?

Nina Saccani
Nina Saccani
Publié le
Les décryptages

À l’approche de Pâques, les confiseries et chocolatiers s’animent. Les vitrines regorgent de petits œufs et lapins enrubannés. L’odeur de cacao vous chatouille les narines… Quel chocolat choisir ? Celui du supermarché, aux décorations enfantines et au prix attractif ou celui artisanal, sacré meilleur chocolat de France ? Aucun des deux. Cette année, vous recherchez un chocolat éthique et écologique !
Becs sucrés, voici nos conseils pour choisir le meilleur et le plus éco-responsable des chocolats !

Jason Leung - Unsplash

Lorsque l’on pense à l’impact de notre nourriture sur l’environnement, on pense souvent à la viande, aux fruits exotiques, à l’avocat. Très rarement au chocolat. Or, derrière cette friandise alléchante se cache une industrie très polluante et très peu éthique.

L’empreinte écologique du cacao

La consommation mondiale de cacao s’élève à près de 3 millions de tonnes par an. Chaque seconde, nous consommons plus de 95 kilos de chocolat et poudre de cacao 1. Sachant que 70% de la production mondiale provient d’Afrique de l’Ouest, ça fait un sacré paquet de kilos importés… En France, le marché du chocolat ne cesse de croître tous les ans. Même si la crise du Covid a fait reculer les prix de 13%, le chocolat reste l’une des sucreries les plus consommées par les Français : 7,3 kg par an par habitant ! 2

En plus d’être importé depuis l’autre bout du monde, le cacao est responsable de la déforestation et de l'appauvrissement de nombreuses régions dans les pays fournisseurs. La demande en chocolat s’est intensifiée ces dernières années et comme le cacao se vend bien, les producteurs locaux n’hésitent pas à raser des forêts et des champs entiers pour le cultiver. D’après l’ONG Mighty Earth 3, plus de 14 000 hectares de forêts ont disparu au Ghana et en Côte d’Ivoire en 2018, au profit du cacao.

Souvent cultivés en monoculture, les cacaoyers épuisent les sols et représentent une vraie menace à la biodiversité. Sa culture intensive et l’utilisation des produits phytosanitaires participent à l’assèchement des sols et à leur imperméabilisation, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques sur les champs de cacaoyers, très gourmands en eau… Il faut 2400 litres d’eau pour obtenir 100g de chocolat ! Rien que ça.

Des producteurs en situation de précarité

Si la culture du cacao peut être polluante pour l’environnement, elle n’est pas non plus sans conséquences sur les hommes ! Dans les pays d’Afrique de l’Ouest, principaux producteurs de cacao, les plantations sont essentiellement familiales. Ces exploitations nécessitent une main d'œuvre importante et bien souvent les enfants se retrouvent à travailler auprès de leurs parents… On estime à 1.2 millions le nombre d’enfants qui travailleraient dans des plantations de cacao 4. En Côte d’Ivoire, ils seraient même très nombreux à ne pas être rémunérés pour leur travail 5. Chaque jour, ces jeunes ouvriers s’exposent à des produits chimiques et pesticides très dangereux pour leur santé.

Les conditions de vie sont des plus sommaires. La plupart des familles vivent sous le seuil de pauvreté et sont souvent poussées hors de chez elles pour laisser la place aux futures plantations de cacaoyers.
Le cacao est une ressource précieuse pour les pays d’Afrique de l’Est. En Côte d’Ivoire, il représente à lui seul 15% du PIB 6.

Malheureusement, les prix ne cessent de chuter et rendent chaque année les villages autour des plantations plus vulnérables et plus dépendants. Au Ghana, deuxième producteur mondial de cacao avec 25 % du marché, le prix fixé par l’État n’est jamais descendu aussi bas que ces dernières années 7. Une aubaine pour les acheteurs, mais une malédiction pour les cultivateurs, qui ne touchent que 6 % des 100 milliards de dollars par an que représente le marché mondial du chocolat. Les cours du cacao sont très volatils, ils dépendent de la demande bien sûr mais aussi des conditions climatiques. Malheureusement, le réchauffement climatique tire chaque année à la hausse les prix

Avec tout ça, peut-on encore consommer du chocolat ? Bien sûr ! Tant que vous ne vous enfilez pas une tablette par jour et que vous privilégiez le chocolat bio et équitable ! Difficile de se passer de chocolat lorsqu’on aime trop ça… Voici quelques conseils pour les gourmands !

Dghchocolatier - Pixabay

Pour choisir votre tablette de chocolat, vérifiez toujours :

  • Le pays de provenance. Regardez bien l’étiquette … s’il vient de Côte d’Ivoire, il est possible que des enfants soient exploités dans les champs !
  • Les labels et certifications. Le label bio garantit qu’il a été cultivé sans pesticides et engrais chimiques. Le label Fairtrade, quant à lui, garantit que le cacao a été cultivé, transformé, et commercialisé dans le respect des normes économiques, sociales et environnementales strictes. En d’autres mots, que les producteurs ont cultivé la graine dans des conditions de travail acceptables et ont été payés à leur juste prix.
  • Les mentions. Si vous lisez “cultivé en agroforesterie” sur votre tablette de chocolat ou sachet de cacao, sachez qu’il fait partie des chocolats les plus responsables que l’on trouve sur le marché ! L’agroforesterie est une pratique agricole qui consiste à planter ou laisser pousser spontanément des arbres pour valoriser les ressources d’un milieu, en agissant positivement sur l’environnement. L’objectif premier de cette pratique est de créer des micro écosystèmes dans lesquels les plantes se nourrissent entre elles. Cette pratique nécessite moins de produits phytosanitaires et a pour avantage de rétablir l’équilibre écologique des terres agricoles.
  • Le prix, souvent le chocolat le plus cher est le meilleur et le plus éthique…
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